vendredi 15 avril 2016

"Réparer les vivants" de Maylis de Kerangal



Résumé : Le jeune Simon, âgé de 19 ans, décède dans un accident de la route. Ses parents sont alors confrontés à la terrible décision que personne ne souhaite avoir à prendre : donner ou ne pas donner les organes de leur fils ? Commence alors 24h éprouvantes, pour les proches, pour l'équipe médicale et pour ceux, malades mais vivants, qui attendent un rein, un poumon ou... un coeur.


Pourquoi ce livre : sur les recommandations d'une collègue qui l'avait particulièrement apprécié.


Avis : Je précise avant toute chose qu'il ne s'agit pas du tout d'une lecture larmoyante comme pourrait le laisser penser mon résumé. Nous sommes face à deux aspects de la greffe d'organe : la douleur de la famille et la course contre la montre des équipes médicales concernées.
J'ignore si Maylis de Kerangal a subit une perte, a été confrontée à la question du don pour un proche mais une chose est sûre, elle arrive à se glisser avec une justesse inouïe dans la tête de la mère de Simon. Sa douleur est palpable et c'est presque physiquement que j'ai eu l'impression de vivre cette histoire (voir plus loin ce que je dis sur le style). C'est quelque chose de très fort mais aussi d'assez étrange. La préoccupation majeure des parents est de savoir si l'intégrité physique du corps de leur fils sera respectée lors du prélèvement.
Cette histoire est aussi d'une précision redoutable en matière de protocole de greffe. J'ai appris énormément de choses sur la coordination entre les équipes, le timing, les modalités de prélèvement. C'est quelque chose qui m'a vraiment passionné. Mais la mécanique médicale ne se met en marche qu'à la moitié de l'histoire, la part belle étant faite au ressenti de la famille, de la mère du jeune homme notamment.
Il s'agit tout de même d'un roman d'espoir, qui s'ouvre certes sur une drame, mais qui se referme sur une vie à qui on donne une deuxième chance.
Impossible de ne pas parler du style de l'auteur qui contribue grandement au souffle du roman. En effet, les phrases sont très longues, plus d'une page parfois, ponctuées uniquement de virgules. L'impression générale est celle d'une lecture en apnée où on a du mal à reprendre son souffle. J'avoue que cela m'a gênée car j'ai eu la sensation de devoir "prendre mon élan" avant chaque paragraphe. Mais en même temps, cela procure au lecteur la sensation physique de vivre l'histoire en même temps que ses protagonistes. Je suis donc partagée à propos de cette manière d'écrire très particulière. N'ayant rien lu d'autre de Maylis de Kerangal, je ne sais pas si ses autres romans sont écrits de la même manière. La lecture n'a pas été très fluide en ce qui me concerne.
En conclusion, un roman très fort mais un style qui vient modérer mon enthousiasme.

Je termine ma chronique sur l'importance de se positionner de son vivant sur le don d'organes. On en a parlé très tôt avec mes parents, mon conjoint connait mon choix, j'ai de toute façon sur moi ma carte de donneur. Mais qu'importe votre décision, il faut en avertir vos proches pour ne pas les mettre face à un choix impossible.
Pour plus de renseignements, deux sites internet : http://www.dondorganes.fr/ (agence de Biomédecine) et http://www.france-adot.org/don-organe.html (Fédération des Associations pour le Don d'Organes et de Tissus humains, qui délivre notamment la carte de donneur).
Pensez-y et surtout, parlez-en !


Folio, avril 2015, 298 p.

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