mercredi 8 novembre 2017

"The girls" d'Emma Cline



Résumé : L'été 1969 s'étire paresseusement pour Evie Boyd, adolescente de 14 ans. Ses journées se suivent et se ressemblent, à feuilleter la presse féminine avec sa meilleure amie et à essayer de jouer aux grandes. Elle s'apprête à intégrer un internat à la rentrée, perspective qui ne le réjouit guère. Alors qu'elle se repose dans un parc, elle aperçoit un groupe de 3 jeunes femmes qui la captivent. Complètement à part, elles semblent venir d'un autre monde. Le hasard fera qu'Evie recroisera leur route, notamment celle de Suzanne, qui subjugue complètement l'adolescente. Elle l'emmène avec elles au ranch pour lui présenter leur mentor, Russell, homme charismatique par qui le malheur arrivera.

Pourquoi ce livre : repéré partout depuis sa sortie et notamment sa re-sortie en poche.

Avis : Voici une lecture qui aura eu du mal à passer. L'ensemble est fort long et fort lent.

Il a pour base un fait-divers tristement célèbre : l'assassinat de l'actrice Sharon Tate et de 4 autres personnes par la "Manson Family" en août 1969. Ce déferlement de violence sonna la fin de la période insouciante du flower-power aux Etats-Unis. Le sordide des meurtres est heureusement un peu occulté parce que le racoleur ne m'attire pas plus que ça. Il est en filigrane dans le texte mais les crimes ne sont clairement évoqués qu'en toute fin d'ouvrage.

J'admets quand même que l'histoire examine très bien les affres de l'adolescence féminine, ses errements, ses doutes, sa solitude. L'auteur évoque ainsi les lectures de l'époque (magazines féminins) qui disent qu'une jeune fille doit attendre que quelqu'un la remarque avant de commencer à exister. Les garçons pendant ce temps apprennent à être eux-mêmes. L'attirance très forte d'Evie pour Suzanne est aussi bien décrite et témoigne d'un âge où l'on se cherche mais aussi d'un âge où on est à mi-chemin entre l'enfance rassurante et l'âge adulte.
Evie Boyd s'exprime à la première personne ce qui rend le récit plus vivant. Elle y décrit sa vie de famille un peu chaotique même si privilégiée, avec des parents divorcés et une mère paumée un brin mystique. On sent surtout l'ennui et la répétition poindre dans la vie de la jeune fille. La consommation de drogue a l'air largement répandue dans la jeunesse californienne ce qui m'a mise assez mal à l'aise (je dois être assez naïve). Les plus jeunes fument du cannabis et gobent de l'acide à longueur de temps. Je suppose que c'est aussi le lieu et l'époque qui voulaient ça.
Les conditions de vie assez sordides de la Manson Family au ranch sont clairement évoquées et permettent paradoxalement de comprendre l'emprise que leur leader pouvait avoir sur ses adeptes.
L'histoire alterne entre présent et flashback de l'été 1969. La période contemporaine ne m'a pas intéressée outre mesure, sauf à comprendre que les filles sont toujours aussi mal considérées.

Je n'ai guère été enthousiasmée par ce roman et je reste assez septique devant le déluge de commentaires positifs lus sur internet et dans la presse.... J'ai plusieurs fois failli le laisser tomber ce qui me fait dire que j'ai dû passer à côté de quelque chose. 

Chatto & Windus, 2016, 354 p. (traduit en français chez Le Livre de Poche)

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