Résumé : "Un soir de l'hiver 1979, quelque part dans Paris, j'ai croisé une femme
de treize ans dont la réputation était alors « terrible ». Vingt-cinq
ans plus tard, elle m'inspira mon premier roman sans que je ne sache
plus rien d'elle qu'une photo de paparazzi. Bien plus tard encore, c'est
elle qui me retrouva à un détour de ma vie où je m'étais égaré. C'est
elle la petite fée surgie de l'arrière monde qui m'a sauvé du labyrinthe
et redonné une dernière fois l'élan d'aimer. Par extraordinaire elle
s'appelle Eva, ce livre est son éloge. S. L." (4ème de couverture)
Pourquoi ce livre : repéré à sa sortie à cause de la très belle jeune femme sur la couverture, je l'ai mis de côté dans ma tête en attendant le bon moment.
Avis : Roman atypique et inclassable, Eva est une ode à l'amour. Il ne s'agit pas tout à fait d'une biographie, notamment parce que la vie d'Eva Ionesco n'est dévoilée au lecteur que par touches successives, partant d'anecdotes. Ensuite, parce que Simon Liberati y insère des passages sur sa propre vie et son état d'esprit. L'auteur s'obstine à nous montrer que ces deux-là étaient fait pour se rencontrer et s'aimer. Ils se sont en effet croisés à de nombreuses reprises à la fin des années 70 dans le milieu de la nuit parisienne avant de se retrouver 25 ans plus tard.
Nous voilà plongés dans un portrait de femme, qui témoigne d'un amour absolu et d'une adoration sans borne de l'auteur pour celle qui désormais est son épouse, sa muse et sa rédemptrice.
Toutes les facettes de sa personnalité, les plus belles comme les moins reluisantes nous sont dévoilées, même si cette femme est visiblement très pudique, ne revenant que difficilement sur son passé et les épreuves qu'elle a traversé.
Si le nom d'Eva Ionesco ne vous dit rien, tapez-le sous un moteur de recherche d'images et vous comprendrez. Enfant, elle a servi de modèle à sa mère pour des photographies en noir et blanc, de plus en plus érotiques et de plus en plus "perverses". Sa mère l'a même "prêtée" à d'autres artistes pour des séances. Son innocence lui a été volée horriblement tôt.
Eva a la rage de vaincre et de vivre malgré tout, c'est une guerrière qui veut s'en sortir et trace sont chemin. Cependant, elle reste d'une fragilité désarmante aux yeux de son amant.
Certains passages m'ont fait frémir, je pense notamment à l'évocation d'expositions dans des galeries de photos mettant en scène des enfants dans des jeux érotiques. On dirait "pédophiles" maintenant mais à l'époque, ces galeries avaient pignon sur rue.
J'ai vraiment apprécié cette lecture qui rend compte de la relation privilégiée et exclusive qu'entretient un artiste et sa muse. L'ensemble est habilement construit et nous livre un magnifique portrait.
Un petit bémol cependant : le style, très particulier de l'auteur, qui ne plaira pas à tout le monde (et que j'ai mis un moment à intégrer) : phrases alambiquées et références littéraires élitistes ponctuent le texte. Mais que cela ne vous empêche pas de le lire !
Stock roman, août 2015, 277 p.
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