mardi 23 mars 2021

"Meurtre au Champagne" d'Agatha Christie

 

Dernier d'une série de romans d'Agatha Christie empruntés à ma belle-mère, je termine en beauté mes lectures ! J'ai un gros coup de coeur pour ce "whodunnit" à l'ancienne.

Ici, pas d'Hercule Poirot ou de Miss Marple, ce qui me convient bien car les tomes que j'ai pu lire avec eux me font dire que ce ne sont pas mes personnages littéraires préférés... La construction est très habile et l'histoire s'étire sur une période d'un an. Rosmary Barton s'effondre en plein dîner, foudroyée par du cyanure versé dans son Champagne. Lequel des 6 invités a bien pu commettre un tel acte et surtout, pourquoi ?

La psychologie des personnages est finement observée, l'auteure nous embarque sur quelques fausses pistes, un rebondissement vient relancer tout ça aux 2/3 du livre, bref un vrai régal ! On entre aussi dans l'intimité de quelques membres du gotha, ce qui est toujours intéressant. J'espère que le prochain que je lirai sera à la hauteur de celui-ci.

HarperCollins, 1993, 238 p.

dimanche 14 mars 2021

"Le coeur cousu" de Carole Martinez

 

Voici un livre qu'une amie m'a offert il y a quelques années. C'était un gros coup de cœur pour elle et généralement, cela me met énormément de pression car j'ai peur de ne pas aimer et de "trahir"quelque chose (je vous laisse psychanalyser !). C'est finalement le thème de mars du Challenge des 12 thèmes qui m'a motivée à ENFIN le lire Mars « Nous sommes les filles des sorcières que vous n’avez pas pu brûler » : en l’honneur du 8 mars, journée internationale du droit des femmes, un livre autour du féminisme, un portrait de femme, une héroïne forte, des histoires de sorcières, des auteures...

Ce fut une série de belles découvertes, d'abord celle de la plume de Carole Martinez, exigeante et pleine de poésie. D'un univers ensuite, cette Espagne suffocante de chaleur, emprunte de religion, de traditions, de superstitions. D'une belle galerie de femmes enfin, Frasquita, ses filles et ses amies. Les personnages féminins sont magnifiques et l'auteure nous donne à voir leurs forces aussi bien que leurs faiblesses.

Il m'a fallu quelques chapitres pour lâcher prise et me laisser embarquer par la magie ambiante. Car le surnaturel se glisse ici dans le quotidien pour paraître presque banal. Il s'agit avant tout d'une fable et c'est bien comme ça que je l'ai pris. On m'a aussi recommandé "Du domaine des murmures", je me laisserai peut-être tenter !


 

 Folio, 2007, 440 p. 

lundi 8 mars 2021

"Chinatown, intérieur" de Charles Yu

 

 

 

NATIONAL BOOK AWARD FINALIST
FINALIST FOR LE PRIX MÉDICIS ÉTRANGER
LONGLISTED FOR THE ANDREW CARNEGIE MEDAL

J'avais entendu le plus grand bien de ce roman à sa sortie car il traite de la question de l'immigration chinoise / japonaise / taïwanaise / hong-kongaise aux USA au XXème siècle et du sentiment d'infériorité de toute une communauté asiatique.

Les lois de ségrégation étaient assez hallucinantes, obligeant les immigrés à s'installer dans des zones bien précises, créant des ghettos, les fameux "chinatown", dans les principales villes, leur interdisant les mariages mixtes, l'accession à la propriété et plus encore, faisant d'eux des citoyens de seconde zone. Pearl Harbor n'a pas fait du bien, nourrissant un profond racisme et mettant dans le même panier toutes ces "faces de citron" (mot de l'auteur !) malgré leurs pays d'origines différents.

Le style est assez bluffant, il s'agit d'une sorte de script / scénario pour un film dans lequel Willis Wu, aspirant acteur, tient le rôle principal. On a des didascalies, des indications sur le décor, les costumes et les figurants, des dialogues. La police d'écriture est même calquée sur celle d'une vieille machine à écrire. Si j'ai été assez surprise au départ et s'il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour m'y faire, je suis ensuite vraiment entrée dans l'histoire et je me suis faite happer. C'est très malin, l'auteur nous fait passer son message l'air de rien.

Il rend un hommage vibrant à ses parents, mais également à toute une communauté, invitant ses contemporains à enfin se sentir américains et à oser sortir du rôle "d'asiat' de service avec accent". 

"Le rôle de l'Empereur était d'apporter ces plateaux en plastiques couverts de délices fumants à une famille blonde quelque part dans le Midwest, et de les saluer bien bas, tandis qu'un gong retentissait au loin (et que, plus loin encore, on entendait pleurer une civilisation vieille de cinq millénaires)."

 



Aux Forges de Vulcains, août 2020, 270 p.