mercredi 12 avril 2017

"Irezumi" d'Akimitsu Takagi



Résumé : Tokyo, été 1947. Dans une salle de bains fermée à clef, on retrouve les membres d’une femme assassinée. Son buste – lequel était recouvert d’un magnifique irezumi, ce célèbre tatouage intégral (...) – a disparu. Le cadavre est découvert par deux admirateurs de la victime : un professeur collectionneur de peaux tatouées et le naïf et amoureux Kenzô Matsushita. La police a rapidement deux autres meurtres sur les bras (...). Frustré par leur incapacité à résoudre ces affaires, Matsushita appelle à la rescousse Kyôsuke Kamisu, dit «le Génie». Seul ce surdoué charismatique et élégant peut démasquer le psychopathe arracheur de tatouages. (4ème de couverture)


Pourquoi ce livre : repéré sur la table des nouveautés à la bibliothèque. Ce roman avait tout pour me plaire : Japon + tatouage traditionnel, aussi mon sang n'a fait qu'un tour quand je l'ai aperçu.


Avis : Je pensais qu'il s'agissait d'un ouvrage contemporain alors qu'il date de l'après guerre (1948), quand le Japon, traumatisé, tente de se relever de sa défaite et des bombardements de Nagasaki et Hiroshima.

L'intrigue est construite comme un mystère en chambre close, rendant hommage aux classiques anglo-saxons du genre. D'ailleurs Kenzô, l'un des protagonistes, ne se cache pas d'aimer ce genre de littérature.
Le lecteur en apprend beaucoup sur tatouage traditionnel japonais, l'irezumi qui donne son titre au roman. Interdit dès 1870 car sa pratique était jugée féodale, incompatible avec l'ouverture sur l'occident, la répression commence pour les tatoués et les maîtres tatoueurs doivent se cacher pour exercer leur art. Aujourd'hui, il est toujours réservé aux yakusa. Personnellement, je trouve l'irezumi sublime donc je ne suis pas du tout objective. J'ai beaucoup aimé cet aspect du livre, documenté sans tomber dans le cours magistral.
Sachez qu'il existe une collection de peaux tatouées conservées au musée de l'université de Tokyo par un professeur passionné. J'ai vu des images sur le net, c'était assez dérangeant. Le Dr Hayakawa de l'intrigue est donc inspiré d'un personnage réel.
Une légende japonaise est aussi au cœur du roman : celle d'Orochimaru et Jiraiya. Plusieurs fois réapparaît la phrase "La limace dissout le serpent". L'explication nous est presque donnée : "Le serpent, la grenouille et la limace : Jiraiya manipule les batraciens, Orochimaru les reptiles, et Tsunadehimé chevauche un escargot, énuméra Hayakawa. Que l'on tatoue ces trois animaux sur une même personne, et le porteur mourra déchiré par la guerre que se mènent ces trois pôles. Tout tatoueur se doit de refuser une telle requête." Après enquête sur le net, j'ai découvert qu'Orochimaru a trahi le ninja Jiraiya et la femme de ce dernier, Tsunadehimé. Il s'agit d'une histoire classique du théâtre kabuki.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jiraiya
Jiraiya attaquant le serpent Orochimaru à l'aide d'un fusil.


Il s'agit d'une histoire policière à la whodunit comme diraient les anglais (qui l'a fait ?), donc un roman à énigme. Tous les éléments sont donnés au lecteur, à lui de se faire sa propre opinion.
L'ensemble est très prenant, mais je dois soulever tout de même quelques faiblesses. La première, le personnage de Kenzô que je n'ai pas trouvé particulièrement charismatique et même plutôt faible. L'autre est l'apparition de Kyôsuké, à l'esprit affuté et qui découvre la clé du mystère en deux temps trois mouvements. Un peu facile !
Mais cette plongée au coeur du Japon d'après-guerre et dans le milieu du tatouage est pour moi une belle découverte.



Denoël, collection Sueurs froides, septembre 2016, 288 p.

2 commentaires:

  1. Aimant beaucoup les romans se déroulant au Japon, je prends note de ce roman que je ne connaissais pas du tout.

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    1. Je remercie vraiment les bibliothécaires sur ce coup là car sans leur mise en avant, je serais passée à côté... Je n'en ai pas spécialement entendu parler dans les médias...

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