dimanche 22 décembre 2019

"La fille de la supérette" de Sayaka Murata



Résumé : Keiko Furukura ne s'est jamais sentie à sa place, aussi a-t-elle adoptée quelques techniques de survie pour pouvoir avoir un emploi. A 36 ans, célibataire sans enfants, elle travaille à temps partiel dans un konbini, petit supermarché qu'on trouve partout au Japon. Cette existence lui convient parfaitement même si sa famille et ses amies ne cessent de la pousser à évoluer. Tout se fissure lorsqu'un nouvel employé arrive.

Pourquoi ce livre : repéré dans la presse féminine, le fait qu'il ait eu un succès fou au Japon a attiré mon attention.

Avis : Ce court roman ne laisse pas indifférent. Tout d'abord, de part la personnalité de l'héroïne, Keïko, qui ne répond pas aux attentes de la société japonaise. 
Pour les femmes, un emploi stable, puis le mariage et les enfants, relativement jeune, est la norme. A 36 ans, elle occupe toujours l'équivalent d'un petit boulot étudiant et cela lui convient parfaitement.
Elle est aussi complètement à côté de la plaque d'un point de vue social et relationnel, ayant des réactions étranges et atypiques. Elle porte donc un "masque" en permanence, "surface acting" comme disent les anglo-saxons, copiant ses intonations, ses réponses, sur celles de ses collègues pour ne pas être pointée du doigt. Cette technique, d'une tristesse sans fond de mon point de vue, fonctionne très bien pour elle et lui permet d'aller tous les jours au travail sans se faire embêter par les autres.
Les réactions de son entourage sont assez affligeantes quand elle leur apprend qu'elle héberge un homme sous son toit : cris de joie, encouragement, questions indiscrètes. On voit très bien comme tout change quand les gens trouvent un semblant de normalité chez elle auquel se raccrocher.
Il y a quelques réflexions bien senties qui ponctuent le texte, notamment dans ses échanges avec le très peu sympathique Shiraha.
J'ai refermé ce livre un peu sonnée car l'histoire n'est pas très enjouée mais j'ai pris plaisir à faire escale au Japon pour quelques pages.
A noter que ce court roman a gagné le prix Akutagawa, équivalent de notre Goncourt national.

Folio, mars 2019, 142 p.

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