lundi 8 mars 2021

"Chinatown, intérieur" de Charles Yu

 

 

 

NATIONAL BOOK AWARD FINALIST
FINALIST FOR LE PRIX MÉDICIS ÉTRANGER
LONGLISTED FOR THE ANDREW CARNEGIE MEDAL

J'avais entendu le plus grand bien de ce roman à sa sortie car il traite de la question de l'immigration chinoise / japonaise / taïwanaise / hong-kongaise aux USA au XXème siècle et du sentiment d'infériorité de toute une communauté asiatique.

Les lois de ségrégation étaient assez hallucinantes, obligeant les immigrés à s'installer dans des zones bien précises, créant des ghettos, les fameux "chinatown", dans les principales villes, leur interdisant les mariages mixtes, l'accession à la propriété et plus encore, faisant d'eux des citoyens de seconde zone. Pearl Harbor n'a pas fait du bien, nourrissant un profond racisme et mettant dans le même panier toutes ces "faces de citron" (mot de l'auteur !) malgré leurs pays d'origines différents.

Le style est assez bluffant, il s'agit d'une sorte de script / scénario pour un film dans lequel Willis Wu, aspirant acteur, tient le rôle principal. On a des didascalies, des indications sur le décor, les costumes et les figurants, des dialogues. La police d'écriture est même calquée sur celle d'une vieille machine à écrire. Si j'ai été assez surprise au départ et s'il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour m'y faire, je suis ensuite vraiment entrée dans l'histoire et je me suis faite happer. C'est très malin, l'auteur nous fait passer son message l'air de rien.

Il rend un hommage vibrant à ses parents, mais également à toute une communauté, invitant ses contemporains à enfin se sentir américains et à oser sortir du rôle "d'asiat' de service avec accent". 

"Le rôle de l'Empereur était d'apporter ces plateaux en plastiques couverts de délices fumants à une famille blonde quelque part dans le Midwest, et de les saluer bien bas, tandis qu'un gong retentissait au loin (et que, plus loin encore, on entendait pleurer une civilisation vieille de cinq millénaires)."

 



Aux Forges de Vulcains, août 2020, 270 p.

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