lundi 17 mars 2014

"No et moi" de Delphine de Vigan


Résumé : Lou Bertignac, jeune lycéenne surdouée et légèrement associale, a choisi de faire un exposé en cours de SES sur les femmes sans-abris. Elle arrive à convaincre Lou, jeune fille SDF rencontrée dans une gare, de l'aider. De rendez-vous en rendez-vous pour préparer son intervention, Lou et No vont apprendre à se connaître, s'apprivoiser, se faire confiance. Mais comment aider quelqu'un qui ne veut rien de vous ? Et comment faire confiance à quelqu'un qui vous tend la main quand on ne sait prendre que des coups ?
 
Avis : A la base, j'étais partie pour lire Rien ne s'oppose à la nuit pour découvrir l'oeuvre de Delphine de Vigan. A l'issu d'un "vide-bibliothèque" d'une collègue, c'est finalement sur celui-ci que je suis tombée.
Je n'ai pas vu l'adaptation cinématographique qui en a été faite, du coup c'est sans véritable idée de ce qui m'attendais que j'ai plongé le nez dans No et moi.
Soyons clair, j'ai eu les larmes aux yeux une bonne partie du roman. Je suis certes bon public et j'étais particulièrement fatiguée mais ça donne aussi une idée des thèmes graves qui sont abordés : la rue, bien évidemment, les sans-abris et leur lutte quotidienne pour la survie qui peut les changer en bêtes féroces. La perte d'un enfant, l'amour filial, la dépression qui peut tout pourrir dans une famille. Bref, sous couvert d'un ton relativement léger, c'est assez lourd à digérer. Ne vous méprenez pas, j'ai vraiment beaucoup BEAUCOUP apprécié cette lecture. Le personnage de Lou Bertignac est vraiment attachant et son incapacité à prendre du recul lui permet de mettre souvent les pieds dans le plat, ce qui donne lieu à des situations cocasses. J'ai trouvé que c'était très bien écrit, dans un style très fluide, qui fait qu'on tourne les pages les unes après les autres sans s'en rendre compte. Par contre, ce n'est pas une lecture très gaie, ça c'est sûr... Je précise car parfois il y a des moments où on n'a pas forcément envie de lire de genre de récit.
La rencontre entre No et Lou va changer leurs vies à toutes les deux et faire grandir la jeune surdouée : "En même temps il m'avait semblé qu'elle connaissait quelque chose de la vie, ou plutôt qu'elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur".
C'est un livre qui fait réfléchir car pendant 248 pages, on est face à cette misère qui est finalement au bas de nos portes et qu'on ne remarque peut-être plus. Le prof de SES de Lou la traite d'utopiste mais c'est surtout qu'elle pose les questions qui font mal : "La dame du bar d'en face a recueilli le chien de Mouloud [SDF mort dans la rue]. Les chiens on peut les prendre chez soi, mais pas les SDF."
On a envie de croire que Lou va aider No a s'en sortir, on ne sait pas ce qui les attend toutes les deux, la tension va crescendo. On espère, avec Lou, même si elle chasse dans un coin de sa tête des scenari catastrophes. Je ne dirai rien sur la fin, qu'on voit finalement un peu venir grâce à quelques indices distillés dans le texte. Disons qu'elle ne m'a pas surprise.
J'ai beaucoup aimé les parents de Lou, surtout son père, qui a su garder la tête sur les épaules malgré un climat familial compliqué au possible. D'une façon générale, j'ai trouvé que les dialogues étaient très bien écrits.
Une lecture sensible, que je recommande chaudement. Attention simplement à ne pas se lancer dans ce livre si on a le moral dans les chaussettes.

Le livre de poche, 2011, 248 p.

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