mercredi 27 mai 2015

"Longbourn" de Jo Baker


Résumé : La famille Bennet réside à Longbourn : Mr et Mrs Bennet et leurs cinq filles en âge de se marier. Mais pour tenir le domaine, c'est l'intendante Mrs Hill qui dirige les opérations d'une main de fer. Travaillent avec elle son mari, la jeune Polly qui a été recueillie, Sarah, qui rêve d'autre chose ainsi que James, mystérieuse recrue. Tous vivent par répercussion les aventures de la famille qui les emploie. Mais en coulisse, chacun vit aussi ses propres histoires.

Pourquoi ce livre : Prêté par ma mère à qui il avait bien plu.

Avis : J'aime Orgueil et Préjugés. Je ne lui voue pas un culte comme pas mal de lecteurs (lectrices), notamment parce que globalement, je les trouve tous bien oisifs et aussi parce que Darcy est "overrated". Désolée, c'est dit. Néanmoins, je l'avais lu avec grand plaisir et mon petit cœur avait vibré avec Elizabeth.
Voilà donc le point de vue de leurs domestiques, ou plutôt de leurs esclaves, qui n'en n'ont pourtant pas le nom.
Mr et Mrs Hill, Sarah et la jeune Polly triment du matin au soir, 7 jours sur 7 et 365 jours sur 365 pour que ces demoiselles aient leur thé, que leurs manteaux n'aient plus une trace de boue (merci Lizzie pour tes balades champêtres) et que leurs pots de chambre soient vidés. On y découvre ainsi des conditions de vie peu enviables, d'une répétition abrutissante et d'une difficulté plus ou moins prononcée. Le jour des lessives est ainsi un jour honni, notamment en hiver. Les domestiques sont parfois complètement ignorés, transparents même et j'ai eu mal au cœur pour eux lors de quelques scènes (mention spéciale à la scène de déclaration de Darcy). Nous passons donc beaucoup de temps dans la cuisine, dans l'étable et sous les combles. Et il s'y passent parfois des choses intenses.
J'aime beaucoup la façon dont les scènes de Pride and Prejudice sont soit exagérées soit minimisées en fonction de ce que les servants vivent. Qui peut être l'inverse de leurs employeurs ! Mais globalement, ce qui est le plus redoutée est l'arrivée impromptue d'un groupe : branle-bas de combat en cuisine !
L'ouvrage est fidèle aux personnages de l'œuvre originale même si bien sûr Jo Baker se les réapproprie. Quelques uns voient leurs blasons se redorer, je pense à Mary et à Mr Collins qui gagnent en profondeur et en humanité. On découvre également le passé inavoué de Mr Bennet qui est tout à fait crédible et joue une grande part pour le reste de l'histoire. Sarah apporte des réflexions sensées et pertinente sur sa vie et sa condition de femme de chambre. On étouffe avec elle et on espère la voir prendre son envol. Et comme il faut un vrai méchant, le rôle est dévolu à George Wickham. On sait tous pourquoi, mais là c'est pire !
Je recommande cette lecture que j'ai trouvée très belle. En revanche, si vous souhaitez retrouver les filles Bennet, Darcy et Bingley en première position, passez votre chemin. Ils sont la toile de fond de l'histoire et non pas ses protagonistes.


Vintage Books, 2014, 443 p. (disponible chez Le livre de Poche sous le titre Une saison à Longbourn)

2 commentaires: